Quelles sont les causes du burnout ?

Le syndrome d’épuisement professionnel a des origines multiples. Nous pouvons catégoriser les facteurs favorisant le risque de burn-out en trois types : les facteurs liés au travail, les facteurs liés à la société et les facteurs liés à la personne.

Environnement de travail

Tout d’abord, plusieurs sources potentielles de stress et d’épuisement professionnel ont été identifiées dans l’environnement de travail (Gollac & Bodier, 2011 ; Maslach, 2004). Voici les aspects du travail qui peuvent impacter la santé des travailleurs et favoriser le risque de burn-out :

L’intensité et la complexité du travail :

• Rythme de travail trop élevé ou trop faible : un rythme de travail très soutenu peut conduire à l’épuisement en raison d’une charge de travail excessive, tandis qu’un rythme trop faible peut entraîner un sentiment d’ennui et de sous-utilisation des compétences.
• Dépendance à des collègues ou à d’autres acteurs : lorsque la réalisation des tâches dépend de la collaboration avec d’autres personnes, des retards ou des erreurs peuvent provoquer du stress.
• Délais à respecter et demandes extérieures : les pressions pour respecter des délais serrés ou répondre à des demandes imprévues augmentent le stress.
• Projets « transverses » : travailler sur des projets qui impliquent plusieurs départements ou équipes peut générer des complications et du stress supplémentaire.
• Objectifs flous ou impossibles à atteindre : des objectifs mal définis ou irréalistes peuvent créer de la frustration et un sentiment d’échec.
• Manque de clarté des rôles de chacun : ne pas savoir clairement ce qui est attendu de soi peut provoquer de l’anxiété.
• Instructions de travail incompatibles : recevoir des directives contradictoires peut rendre le travail difficile et stressant.
• Nécessité de polyvalence subie et difficile à gérer : être obligé de jongler avec plusieurs rôles ou tâches pour lesquelles on n’est pas formé ou préparé peut être épuisant.
• Interruptions fréquentes et concentration constamment élevée : les interruptions constantes peuvent réduire la productivité et augmenter le stress, car elles empêchent de se concentrer pleinement sur une tâche.

Les horaires de travail difficiles :

• Heures supplémentaires : travailler au-delà des heures normales de travail peut réduire le temps de repos et de récupération.
• Horaires atypiques avec du travail posté, de nuit, des horaires décalés : travailler à des heures inhabituelles peut perturber le rythme circadien et la qualité du sommeil.
• Contacts en dehors des heures de travail : être sollicité en dehors des heures de travail nuit à la séparation entre vie professionnelle et personnelle.
• Horaires non prévisibles : ne pas connaître son emploi du temps à l’avance rend difficile la planification de la vie personnelle.
• Difficultés à équilibrer les différentes sphères de vie : des horaires de travail irréguliers ou excessifs peuvent empiéter sur la vie familiale et sociale, créant un déséquilibre.

Les exigences émotionnelles :

• Tensions avec les clients ou le public : les interactions conflictuelles ou difficiles avec les clients ou le public peuvent être émotionnellement épuisantes.
• Confrontation à la souffrance ou aux difficultés des autres : travailler dans des contextes où l’on est fréquemment exposé à la souffrance humaine, comme dans les professions médicales ou sociales, peut être émotionnellement drainant.
• Obligation de maîtriser ses émotions : devoir constamment contrôler et cacher ses émotions au travail peut être épuisant.
• Difficulté à pouvoir s’exprimer librement : ne pas pouvoir exprimer ses sentiments ou frustrations peut conduire à une accumulation de stress.

L’autonomie inadaptée :

• Surplus d’autonomie avec prise de responsabilités non voulues : avoir trop de responsabilités sans en avoir choisi certaines peut être stressant et accablant.
• Manque de liberté dans la façon d’organiser son travail : ne pas pouvoir décider de la manière dont on réalise son travail peut engendrer un sentiment d’impuissance.
• Impossibilité de prendre des pauses lorsque cela est nécessaire : ne pas pouvoir prendre des pauses régénératrices augmente la fatigue et le stress.
• Difficultés à utiliser ou développer ses compétences dans son activité de travail : ne pas pouvoir mettre en pratique ses compétences ou ne pas avoir l’opportunité de se développer professionnellement peut être démoralisant.

Les relations de travail dégradées :

• Absence de soutien de la part de ses collègues et/ou des responsables hiérarchiques : ne pas recevoir de soutien ou d’encouragement de ses collègues ou supérieurs peut entraîner un sentiment d’isolement.
• Absence de reconnaissance (se faire couper la parole, ne pas recevoir de « bonjour », etc.) : ne pas être reconnu pour son travail ou ses efforts peut diminuer la motivation et l’estime de soi.
• Attitudes méprisantes, discriminatoires et dégradantes : être victime de mépris, de discrimination ou de comportements dégradants peut avoir des effets néfastes sur la santé mentale.
• Harcèlement moral et sexuel : Être victime de harcèlement peut entraîner un stress intense et un sentiment d’insécurité permanente.

L’absence de sens au travail :

• Difficulté à se sentir fier de son travail et utile : ne pas percevoir son travail comme utile ou valorisant peut diminuer la motivation et la satisfaction.
• Sentiment de désaccord avec ses valeurs : travailler dans un environnement ou sur des tâches qui ne correspondent pas à ses valeurs personnelles peut créer un conflit interne et du stress.

L’insécurité de l’emploi et du travail :

• Insécurité socio-économique (contrats précaires, contractuels dans la fonction publique, CDD à répétition, intérim, etc.) : la précarité de l’emploi peut générer une angoisse constante quant à l’avenir.
• Changements répétitifs non accompagnés : les restructurations fréquentes et les changements non soutenus par un accompagnement adéquat peuvent déstabiliser et épuiser les employés.

Le contexte politique, socio-économique, culturel et sociétal impacte fortement notre santé mentale. Ainsi, certains éléments peuvent favoriser l’apparition du burnout :

• Pandémies
• Chômage
• Dérèglement climatique
• Précarité
• Licenciements
• Délocalisations
• Guerres
• Attentats
• Mondialisation
• Concurrence
• Restructurations
• Nouveau rapport au temps et à l’espace
• Nouvelles technologies
• Krachs boursiers
• Décisions politiques (Delbrouck, 2021)

Même si personne n’est à l’abri de développer un syndrome d’épuisement professionnel, certaines caractéristiques personnelles peuvent accroître le risque de se retrouver en burn-out :

• Un investissement à outrance dans le travail
• Tendances au perfectionnisme
• Estime de soi faible
• Forte peur du rejet
• Autocritique exacerbée
• Peur du sentiment de vide
• Incapacité à faire confiance aux autres
• Mentalité de « sauveur »
• Séquelles de troubles de l’attachement et traumatismes
• Troubles psychologiques (anxiété, narcissisme, dépression)

Il est crucial de noter que la personnalité est fortement influencée par le contexte dans lequel les personnes évoluent. Par exemple, lorsque le fort investissement dans le travail est valorisé et récompensé, il est naturel de vouloir continuer à s’investir intensément. De plus, l’estime de soi dépend de la qualité de nos relations. Un supérieur hiérarchique qui tiendrait des propos rabaissants peut fortement impacter l’estime de soi.

épuisement professionnel : se faire accompagner

Il est vivement conseillé de se faire accompagner par des professionnels (médecins, psychologues, psychiatres, etc.) pour sortir progressivement d’un syndrome d’épuisement professionnel et éviter les rechutes.

Sources : les différentes causes du burnout

• Delbrouck, M. (2021). Comment traiter le burn-out: Syndrome d’épuisement professionnel, stress chronique et traumatisme psychique. De Boeck Supérieur.
• Gollac, M., & Bodier, M. (2011). Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au travail pour les maîtriser. Rapport du Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail, faisant suite à la demande du Ministre du travail, de l’emploi et de la santé.
• M.P. Leiter, C. Maslach. « Areas of worklife: A structured approach to organizational predictors of job burnout », in P. Perrewé & D.C. Gangster (Eds.), Research in occupational stress and well being, Vol. 3, Elsevier, Oxford, UK (2004).